Breathe

Breathe

Stephen & Emma & ?

T’adores ce genre d’endroits, pourtant tu danses pas vraiment. Tu te poses dans un coin, un verre à la main, et tu regardes les autres se déhancher avec un sourire aux lèvres. On n’a pas trop l’habitude de te voir sourire, d’ailleurs. C’est pas dans tes habitudes au boulot, mais faut dire aussi qu’il n’y a rien qui te donne envie de rire là-bas. L’hôpital ne te rappelle que de mauvais souvenirs, des choses contre lesquelles tu ne peux pas lutter. Le sentiment de frustration gonfle chaque jour un peu plus, même si tu penses l’avoir oublié après quelques heures chez toi. Tu sais que ça te fait du mal, que ce n’est qu’un couteau que tu remues dans la plaie, mais tu ne peux pas t’en empêcher. Tu es un médecin, et si tu arrêtais de l’être, alors tu ne serais plus rien.

Cette journée a été particulièrement éprouvante cela dit. Oh, pas spécialement pour toi, mais pour tes patients et tes collègues. Les premiers n’étaient qu’une bande de connards qui pensent pouvoir faire ton boulot à ta place, et les seconds… ouais, c’était plus ou moins la même chose. En plus vicieux, parce que ces idiots avaient un diplôme. Le genre de bout de papier qui n’est pas franchement difficile à acheter, vraiment. Toi tu n’as pas eu à payer pour ton talent, tu ne l’as pas volé, et tu serais encore le roi du monde de la médecine si ce n’était ce foutu accident. Merde ! Tu secoues la tête, préférant ne pas ressasser le passé alors que tu es venu au Sleipnir précisément pour t’amuser. Pour oublier tout ça un moment.

Tu te prends la tête dans les mains, et tu finis ton whisky cul sec. Ça va pas. Quelque chose ne va pas. Tu te lèves sans attendre et tu te diriges d’un pas assuré vers les toilettes. Tu sais ce qui ne va pas. Enfermé dans une des cabines, assis sur des chiottes dont tu sais que tu ne vas pas les utiliser, tu sors une languette de métal, et un sachet de poudre blanche.

Quand tu ressors des toilettes quelques minutes plus tard, tout va beaucoup mieux : les couleurs sont si vives qu’elles dansent presque, et ton cerveau semble être dépoussiéré. Tu repenses à tous les cas que tu as vu dans la journée, certain que tu as fait ton job à la perfection. T’as besoin d’une récompense maintenant, non ? Tu te diriges de nouveau vers le bar où se trouve — entre autres — une charmante jeune femme. Parfait. Tu t’assois à côté d’elle, et tu souris.

— J’peux vous offrir un verre ?

T’es de bonne humeur ce soir, on dirait.

 ♥♥♥ 

↨↑Breathe ↨↑

Mais qu'est-ce que je faisais ici, dans une boite de nuit ? Ce n'était pas vraiment dans mes habitudes de sortir, mais encore dans une boite de nuit. Il m'arrivait de temps en temps de sortir boire un verre avec des collègues de l'institut, mais dans un bar plutôt tranquille sans histoire. Et voilà que là, je me retrouvais dans une des plus grandes boites de nuit de cette ville. Je venais à peine de passer la porte d'entrée qu'une affreuse odeur affréta mes narines, posant une main sur l'arête de mon nez, j'observais un nuage surement dut au coin fumeur qui n'était pas loin de l'entrée, sans oublier l'odeur d'alcool qui venait se mélanger aux autres odeurs de transpiration et j'en passe. Je ne comprenai pas pourquoi les jeunes aimait venir dans ce genre d'endroit et, je ne comprenais non plus pourquoi je n'étais pas resté chez moi à lire un livre dans mon gros pyjama. Ses sorties étaient nouvelles pour moi, en plus de vingt ans, je n'avais jamais mis les pieds dans une boite de nuit. Je n'avais mis une seule fois les pieds dans une fête et ma mère m'avait forcé à y aller. C'était le bal de fin d'année au lycée, car j'avais gagné les places. Mais je détestais tout ce bruit et tout ce monde qui réussissait à me mettre mal à l'aise uniquement avec de simple regard un peu trop déplacé. J'avais enfilé une robe que Christopher m'avait choisie pour l'occasion, une robe plutôt très osée… J'avais pour habitude de porter des robes courtes ou bien même décolleter, mais une robe à la fois très courte laissant un vu parfait sur mon double effet qu'on ne pouvait pas louper grâce à la couleur rouge. Me faufilant entre les couples en chaleur qui exprimaient leurs pulsions à travers une danse, je me dirige rapidement en direction du bar. J'attrape mon téléphone avant de voir à ma grande surprise qu'il n'y avait pas de réseau

« - C'est une blague ??? »

Pourquoi je n'avais pas de réseaux ? Et comment j'allais prévenir Kit que j'étais arrivé à destination et comment j'allais avertir Scott que ce soir, j'étais de sortie ? Une sortie qu'il n'aurait sans doute pas apprécié, mais il devait travailler, je serais tranquille pour la soirée. Ces derniers temps, je ne me reconnaissais plus vraiment, disons plutôt que depuis que je connaissais Kit, je commençais à changer, avoir plus confiance en moi et ma timidité ne prenait plus le contrôle sur ma vie. Bien au contraire, je commençais même à avoir un caractère plutôt bien trempé qui ne plaisait pas à tout le monde. Un caractère qui m'aidait aussi à poser des questions plus osées à mes patients, des questions qui m'aidaient à mieux les comprendre et à mieux gérée mon poste. Kit réussirait à me changer doucement, j'appréciais les sorties avec lui, il me faisait me sentir vivante.

Mais dans les moments comme celui-ci, j'avais plutôt l'envie de lui jeter mon verre en pleine tête lorsque je le verrais rentré dans cet immense endroit, cela faisait plus d'une demi-heure que je l'attendais et je commençais doucement à perdre patience. Ignoré, tous ces hommes qui ne cherchaient surement qu'un plan d'un soir d'un simple geste de la main fatiguait doucement mon poignet, je commande un nouveau mojito au barman qui devait penser que j'étais ici pour noyer un chagrin vu ma tête. Je m'amusais à essayer de cerner les gens, j'observais cette jeune femme pas à l'aise dans cette robe trop petite pour elle, elle me rappelait moi. Ma vue fut coupée par une grande silhouette qui venait juste de se planter face à moi, je lève la tête. Mais alors que j'allais lui dire de continuer son chemin, je lui sourit. Autant attendre Kit en compagnie d'un étranger… Plutôt que toute seule.

« - Uniquement quelques choses de très fort alors »

L'observant des pieds à la tête, j'essayais de mettre un nom sur son visage. Mais en vint je n'avais jamais vu cet homme en ville ni même croisé dans un de mes rêves. J'essaie d'ajuster à nouveau ma robe pour ne pas être trop vulgaire.... Je vais sûrement tuer Kit dans la soirée …. Je souris en penchant la tête sur le côté

« Accompagner d'une présentation serait très appréciée »

Breathe

Stephen & Emma & ?

T’as envie de faire la fête, tu te serais même pris à danser pour l’occasion. La musique s’insinue dans ton corps, mais tu résistes à son appel. Il t’en faut bien plus pour que tu te trémousses sur la piste, chose qui est de toute façon assez rare. La plupart du temps, tu passes directement de la case ‘j’ai pas envie’ à celle qui consiste à vomir tes tripes en attendant que le jour se lève… ou qu’il se couche, selon l’heure à laquelle tu es enfin rentré chez toi. T’as jamais vraiment fait dans la demi-mesure, comme si tu étais trop entier pour rester dans les entre deux. T’es pas du genre à hésiter, pas comme quand tu abordes cette superbe jeune femme au bar. Elle répond à ta demande en précisant que le verre a intérêt à avoir un bon gros taux d’alcool, ce à quoi tu ne peux t’empêcher de ricaner en voyant le contenu de son cocktail.

“Strong like a mojito, huh?”

Pourtant, tu te tournes quand même vers le barman pour lui demander un autre cocktail, bien plus fort. Tu prends le même pour toi, tant qu’à faire.

“Two firestarters! And don’t go easy on the vodka, the lady likes it rough.”

Tu ricanes un peu plus, avant de te tourner de nouveau vers la lady en question. Elle t’a demandé une présentation en bonne et dûe forme, ce que tu ne peux pas lui refuser. Oh, il n’était bien sûr pas question d’aller dans le détail : moins les gens te connaissaient, et mieux tu te portais. De toute façon, t’en es plus à vraiment réfléchir quand t’ouvres la bouche, alors à quoi bon ?

“Name’s Stephen. And you?”

Après tout, il fallait bien retourner la politesse quand on demandait avec autant d’aplomb à quelqu’un de se présenter. Tu lui tends une main amicale, ferme si elle décide de la serrer. Tu détestes les poignées de main molles, t’es même plutôt du genre à broyer, même si là t’essaies de te retenir avec un certain succès.

Les verres ne tardent pas à arriver, un savant mélange de vodka, de coca, de cointreau et de liqueur de pêche qui ne manquera pas d’attaquer le palais de la jeune femme. Hé, elle avait réclamé, non ? Tu entames ton verre sans aucune réserve ni subtilité, grimaçant légèrement.

“It’s a bit light I think…”

Tu plaisantes, évidemment, mais tu ne sais pas si elle va le comprendre. Tu peux être pince-sans-rire quand tu t’y mets, ce qui a légèrement tendance à te mettre souvent dans la merde. C’est juste que tu ne peux pas t’en empêcher, et puis tant pis pour ceux qui pigent rien !