31 ansSeth
Voleur, Barman à l'IdunnThe Civilians
Célibataire gayMutant

Prems !
Je crois que c'est comme ça que ma vie a commencé et ce simple fait d'être né le premier a influencé non seulement ma vie mais aussi celle de mon frère Kenneth. Parce que lui était invisible, caché par mon corps, indétectable. J'ai été le seul pendant neuf mois et à notre naissance, je le suis resté. J'étais le voulu et lui non. Pourtant, in utero, je suppose que ça se passait plutôt bien, on partageait la chambre sans se taper dessus. J'avoue que j'aurais aimé que ça continue après la naissance mais mes parents -voilà que je me fais avoir- nos parents ont décidé que Kenneth était de trop, le rebus, l'Indésirable. Les premières années ne m'ont pas laissé de souvenirs, évidemment mais je crois pouvoir deviner que lorsque nous pleurions, ma mère avait plus d'agacement à venir allaiter Ken que moi. C'est triste de se rendre compte que l'on a passé sa vie au détriment d'un autre.
Personnellement, je n'avais rien contre mon frère, je l'aimais bien même si nous étions assez différents dans nos comportements, l'absence d'amour avait rendu Kenny silencieux, pensif, introverti alors que j'étais plutôt le contraire. Mais -peut-être à cause de ce fameux lien qui unie les jumeaux monozygotes- j'aimais mon frère, de tout mon cœur, et je voulais passer du temps avec lui. Alors souvent, je venais le voir, du moins j'essayais, un jouet dans la main. Mais je me faisais envoyer paître, "ne va pas jouer avec lui, viens avec Papa...ne t'occupe pas de lui".
Ainsi, peu à peu, je me suis détaché de Kenneth, je ne l'ai plus vu, j'ai cessé de penser à lui et le lien qui nous unissait est mort. Le fait que mon frère décide de ne pas suivre l'avis de nos parents n'a pas arrangé sa situation. J'ai fini par vive comme un fils unique, sans plus me poser de questions, du moins, moins souvent qu'on pourrait le penser. J'ai cessé d'agir en frère, de chercher à le voir, je fermais les yeux quand Maman lui brûlait la chair avec sa cigarette, quand Papa le frappait. Quand j'y repense, j'ai honte de mon comportement mais dans mon esprit d'enfant où la parole de l'adulte fait foi, ça semblait presque normal.
Un jour, il a fini par partir, j'avoue que ça ne m'a pas fait grand chose si ce n'est, un certain soulagement. Pour lui comme pour moi, la vie deviendrait plus simple.
J'ai grandi et mes parents ont fait comme si Kenneth n'avait jamais existé, et ils ont commencé à me parler du restaurant, de leurs projets pour moi. Ils étaient sans cesse à me couver, me conseiller, m'ordonner presque de devenir leur pantin. Et puis il y avait les regards appuyés des gens autour de moi, les murmures, les insultes à demi-mot. Moi, le fils chouchou, le frère indigne et salaud, je devais être une sacrée pourriture pour ne rien ressentir, pour ne pas me sentir coupable de vivre au détriment de mon propre jumeau ! Et j'avais envie de leur dire d'aller se faire foutre, que ce n'était pas de ma faute, que j'avais été élevé comme ça. Mais c'était encore une fois un comportement égoïste.
Pourtant, quand je regarde le reste de ma vie, hors ce point douloureux, je ne me considère pas comme un égoïste. Mes pouvoirs se sont déclarés un peu après que Kenneth ne soit parti, je me suis rendu compte que je pouvais guérir les maux, les plaies. Comme j'avais l'envie secrète de devenir médecin, j'ai saisi ma chance. Enfin, non, j'ai eu trop peur. Quelque chose dans l'attitude de mes parents me poussait à croire que je me heurterais à un mur. Qu'ils ne m'écouteraient pas ou pire, que je deviendrais comme mon frère, un paria obligé de fuir. J'ai été plus lâche que lui sur ce coup-là, j'ai préféré me ranger à leur avis. Et pourtant....j'avais envie qu'ils me lâchent, de ne plus être le seul, l'unique, le chouchou, d'être libre de vivre ma vie comme je l'entendais. J'enviais un peu Ken sur ce point, il avait fui le cocon étouffant de la famille Graham.
Après avoir eu mon diplôme, j'ai demandé à faire un voyage autour du monde avant de reprendre le restaurant, évidemment, ils ont dit oui. J'ai fui. Enfin. J'ai commencé à aider les gens autour de moi, à les soigner, allant de lieu sordide en champ de bataille, parfois voire souvent après le passage des super-héros genre Manhattan ou la Sokovie, parce qu'il faut bien que quelqu'un fasse le ménage. Devenant enfin libre et utile. Même si je regrettais d'avoir été le chouchou de la famille, d'avoir vécu au détriment de mon frère. D'avoir à cause de ça, à cause de la froideur de mes parents, prit la figure du salaud égoïste, que je sois devenu un fils unique gâté mais piégé. En fait, j'aurais aimé que Kenneth ait été aimé autant que moi parce que comme ça on m'aurait fichu la paix.
J'ai abandonné ma famille, c'est un fait. Pour pouvoir être reconnu pour moi et pas par rapport à un autre. Est que la solitude me pèse ? Pas du tout !!!
Quoique peut-être un peu.
Ca expliquerait pourquoi je me suis recréé une famille. Une rien qu'à moi, qui m'accepterait, le reconnaîtrait sans me juger. Il y a eu mon amour mon cœu, mon foie. Avec lui, pas besoin de faire semblant. Il était tout pour moi, ami, amant et frère. Et il y avait Élisa. Mes amis, mes amours, mes emmerdes.
Et puis il y a eu l'accident... Je les ai perdu. Mon cœur est mort, je n'ai rien compris, rien pu faire. Alors je suis parti car il a toujours été hors de question de montrer mes larmes. Toujours insouciant, toujours sourire. J'espère qu'Elisa va bien...

Si je devais résumer ma vie jusqu'à aujourd'hui....
Je suppose que l'on peut dire que je suis issu d'un foyer remué par les conflits (politiques). Mon père était un homme plutôt riche, aisé dans son train de vie mais qui gardait à l'esprit ou ce qu'il avait du endurer pour survivre à l'époque où il n'était que marchand de tapis (oui, ça peut faire cliché mais c'est réel). Il a eu la chance d'avoir le sens des affaires et il est vite monté dans les échelons de la société, abandonnant les tapis pour le matériel de téléphonie. On vivait heureux et sans se poser trop de questions, je pensais faire médecine, devenir utile à la société. Puis les guerres ont éclaté même si je doute qu'elles aient déjà eu une fin. Sentant la tension augmenter au fur et à mesure des semaines, ma mère a décidé qu'il vaudrait mieux fuir le pays le plus tôt possible. Même si nous étions des gens bien, n'ayant que peu d'ennemis voire pas du tout (dans notre entourage proche j'entends, sinon mon père attirait les jalousies) elle a préféré mettre ses enfants à l'abri. Nous avons donc commencé à faire nos paquets, je devais avoir environ 17 ans à l'époque. Mon frère cadet, Amir, faisait de son mieux pour cacher ses larmes devant la famille, m'aidait à m'occuper des bagages, nous n'emportions pas grand chose mais le plus difficile était de décider ce qui était réellement important ou non. Mon père avait des contacts aux Etats-Unis, des gens bien qui étaient près à nous accueillir le temps que nous trouvions une maison ou que la guerre se calme. Malheureusement, nous n'avons jamais pu les voir.
Il faisait encore nuit quand ma petite sœur, âgée de 4 ans, s'est réveillée en sursaut, en larmes et tremblante de peur dans son pyjama. Je me demande si elle n'avait pas eu une prémonition cette nuit-là. Une bombe est tombée sur la maison voisine et nous a tous soufflé. Avant que nous n'ayons compris ce qui se passait, les murs se sont fissurés, sont tombés en morceaux comme s'ils étaient fait de sucre, les poutres ont explosé à moitié sous le poids du toit et notre demeure, que dis-je, tout le quartier, s'est changé en un monstre de décombres et de feu. On m'a sorti des ruines, j'avais le regard vide et les lèvres tremblantes.

Et voilà, je n'avais plus de famille.

Je suis parti comme un voleur, l'esprit vide de toute pensée. J'ai marché, erré, j'ai pris des bateaux, des trains. Sans entrer dans les détails, j'ai roulé ma bosse un peu partout jusqu'à arriver ici. Je suis sans racines, sans ailes non plus d'ailleurs mais qu'importe. J'avoue que je ne ressens que peu de choses vis à vis de la mort de ma famille. Pas que je ne sois pas triste ou que je ne n'ai pas de regrets, seulement...ça m'en fait moins que je ne le pensais. Je ne ressens pas ce genre de douleur qui vous cloue au sol. Evidemment, je me suis interrogé pour savoir ce qui n'allait pas chez moi. J'ai fini par me rendre compte que je m'étais toujours senti en distance avec ma famille sans vraiment l'admettre, comme si je les voyais à travers une vitre. J'en ai conclu que j'étais fou, une sorte de sociopathe sans cœur et fort de cette constatation, j'ai fait ma vie.
Je suis le genre de personne que l'on voit partout mais auquel on ne fait pas attention. Le gars qui essaie plus de survivre que de vivre. J'ai fait parti d'un trafic de drogue d'ailleurs, c'était plutôt amusant. Je vole pour me nourrir et même si ça sonne un peu Aladdin dit comme ça, c'est moins déroutant ou insolite qu'on ne le pense. Il suffit de piquer un code de carte bleue, un portefeuille, un bijou, un sac à main et vous vous retrouvez avec de quoi vous offrir un repas.
Je suis le mec dont vous évitez de croiser le regard dans le métro, celui qui vous fait serrer votre sac et changer de trottoir dans la rue, celui qui aime bien vous appeler quand il fait nuit et que vous rentrez à pied du boulot un peu tard. Je vis ma vie tranquillement, sans jugement ou blâme. Pas de parents pour me ramener dans le droit chemin. Reste à trouver comment me démarquer. Je manque un peu de carrure pour en imposer, faut que je mise sur mon cerveau. Quand je vois certains mecs dans les rues, je me dis que j'ai un avantage, celui de la rareté. Et puis pour peu que je fasse gaffe, j'effraie pas toujours les gens au premier abord. J'ai une tête de drogué mais je peux arranger ça. Suffit de dormir.
Pour le moment, je tâtonne encore, je pique des sacs et tout mais je me doute que ça ne constitue pas une vie. Je suis plutôt intelligent, beau parleur parfois, je sais simuler l'honnêteté. Et je sais me servir d'armes. Les utiliser pour tuer, c'est autre chose mais je suis sur la bonne voie. En bref, je n'ai pas l'intention de me ranger parmi les gens simples et normaux, de trouver un travail, une femme...très peu pour moi, je vis seul et libre. Du côté de l'ombre comme dirait l'autre.
Je veux devenir un type que l'on craint, pour que l'on ne me manque pas de respect, parce que mine de rien, vivre dans le caniveau te rend amer et t'apporte son lot de merdes. Sans blague, à dormir sur les trottoirs et à traîner avec les rebus, on se fait pisser dessus et pas mal secouer. Mais qu'importe, j'aurai ma revanche.
Alors maintenant, je suis Seth, juste Seth (Koffi, ça fait vraiment débile), je me dis que mon nom est déjà pas mal, le côté Dieu égyptien du chaos (ouais, parce que c'est un peu marqué sur ma tronche que je suis "des dunes" comme ils disent), ça m'aidera à me faire connaître. Alors préparez-vous parce que ça va bouger.